Le premier acte de résistance corse est dû au commandant François Pietri (1887-1961). C’est un tract qu’il rédige le 11 juillet 1940, Corses, garde-à-vous ! qui est diffusé à plusieurs centaines d’exemplaires aussi bien dans l’île qu’en France continentale et dans les colonies. Il vise à mobiliser les Corses contre la menace d’une annexion italienne après l’armistice. A une époque où les modalités de résistance demeurent à inventer, Pietri cherche donc à constituer une sorte de « mouvement dormant » – la Légion corse, en référence à une des premières unités françaises créées en 1769 et composée presque exclusivement de volontaires d’origine insulaire – qu’il réactiverait en cas d’invasion de l’île par Mussolini. Si le contenu du tract ne s’attaque pas au régime de Vichy qui vient à peine de naître, son ton mêle culture corse et italophobie aux patriotismes insulaire et français. Cet officier recrute exclusivement parmi la communauté d’origine corse. La Légion corse apparaît également comme l’expression patriotique d’une culture professionnelle : celle d’un militaire de carrière. Recherché par les Italiens sous l’Occupation, Pietri est contraint à la clandestinité dans les montagnes de son village natal de San Gavino di Carbini. Refusant toute alliance avec le Front national et marginalisé par les communistes, le maquis du commandant Pietri est néanmoins actif contre l’occupant et les délateurs. En septembre 1943, il participera les armes à la main à la Libération de l’île, dans l’Alta-Rocca.
Sylvain GREGORI
Corses, « Garde à vous » !!!
François Pietri (1887-1961)
Juillet 1940
Ronéotype
27 x 21 cm
Dépôt de l’association Sintinelle
Fonds Biaggi & Gregori