Dans l’île, durant les années 1937-1938, la crainte d’un conflit en Méditerranée opposant la France et l’Italie fasciste structure le quotidien des Corses. Le spectre de la guerre cristallise les tensions et un courant italophobe parcourt l’opinion locale. Le 30 novembre 1938, le discours en lien avec la crise tchécoslovaque, prononcé à Rome à la Chambre des Faisceaux, par le comte Ciano, ministre des Affaires étrangères, donne lieu à une salve de réactions irrédentistes de la part de certains parlementaires. La Corse devient alors un objectif clairement identifié dans la vision expansionniste transalpine en Méditerranée. La réponse ne se fait pas attendre et de nombreuses manifestations éclatent dans les villes insulaires et même certains villages insulaires. Dans toute la Corse, les attroupements se terminent aux cris de « Vive la Corse ! Vive la France ! » et au chant de La Marseillaise. La population insulaire fait bloc contre les prétentions du Duce. Des Comités d’Action et de Défense de la Corse française voient le jour en réponse aux événements romains. Le 4 décembre 1938, à Bastia, le président des anciens combattants, Jean-Baptiste Ferracci, prononce ce que l’Histoire retiendra comme le « serment de Bastia » : « Face au monde, de toute notre âme, sur nos gloires, sur nos tombes, sur nos berceaux, nous jurons de vivre et de mourir français. » Reprenant cette phrase, cet insigne a été fabriqué quelques jours plus tard et était porté par ceux qui voulaient à la fois démontrer leur patriotisme français dans un climat souvent violemment italophobe.
Jean-Paul PELLEGRINETTI et Sylvain GREGORI
Insigne commémoratif du serment de Bastia
Anonyme
1939
Cuir imprimé et textile
6 x 4,6 cm
Dépôt de l’association Sintinelle
Fonds Biaggi & Gregori