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Arthur Giovoni

Arthur Giovoni est né en 1909 à Moca-Croce. Après des études au lycée Fesch à Ajaccio, ce fils d'instituteur obtient, en 1933, une licence universitaire à Aix-en-Provence. Il adhère au P.C.F. en 1934. En mai 1939, il participe à la création de l'Union départementale des syndicats dont il devient membre de la commission administrative. Démobilisé après l'armistice de juin 1940, il reprend son poste d'enseignant au lycée de Bastia où l'ancien militant demeure relativement discret. Néanmoins, comme d'autres enseignants fichés « à gauche », il est déplacé à Rodez par le gouvernement de Vichy. C'est dans cette ville que, courant 1941, il entre dans la Résistance. En 1942, au cours de vacances dans son village d'origine, il met sur pied un groupe de résistants. En octobre, recherché par la police française, il est contraint de se réfugier dans l'île où il est intégré comme cadre dans les structures clandestines du Front national (F.N.) et du parti.

 

En mai 1943, lors de la conférence de Porri, il est désigné par la troïka clandestine de la région corse du P.C.F. comme responsable politique départemental du F.N. Contrairement à une légende tenace, durant la clandestinité, il n'est pas seul à « diriger » le Front national puisque François Vittori le seconde à cette fonction en qualité de responsable militaire. Pour le P.C. corse, cette mesure est sans doute destinée à « contrôler » plus sûrement le F.N. Pourtant de nombreuses divergences stratégiques et politiques éclatent entre Vittori et Giovoni. Appliquant les directives arrêtées le 3 août 1943 par la troïka clandestine du P.C. corse, Giovoni défend face à Henri Maillot et Paul Colonna d'Istria, le principe d'insurrection à l'annonce de l'armistice de l'Italie. Le 5 septembre, le P.C. corse décide de l'envoyer à Alger avec le plan du système défensif italien de la Corse et la demande d'appuyer l'insurrection. Il n'est de retour à Ajaccio que le 14 septembre avec le nouveau préfet gaulliste Luizet. En novembre 1943, il est désigné comme président du F.N., devenu organisation légale, et délégué à l'Assemblée constituante d'Alger et à l'Assemblée législative en 1945-1946. Dans leur stratégie de mettre le F.N. en avant par rapport au PC, les communistes corses font de Giovoni un rouage de leur système de représentation. Aux élections de mai 1945, il est élu maire F.N. d'Ajaccio malgré une vive opposition radicalo-bonapartiste. S'il est candidat malheureux à Santa-Maria-Sicchè lors des cantonales, il est par contre triomphalement élu comme député de la Corse la même année. Symbole des espoirs de renouveaux politiques et sociaux nés de la Libération, c'est le premier député communiste insulaire. Mais dès 1947, communistes corses et F.N. enregistrent un progressif et inexorable recul dans l'électorat insulaire. Réélu à la députation en juin 1951, Arthur Giovoni ne parvient pas à retrouver son fauteuil en janvier 1956 et retourne à sa carrière d'enseignant à Saint-Germain-en-Laye et Paris. Cet échec personnel symbolise la fin du communisme comme force politique importante dans l'île. Néanmoins, il demeure jusqu'en 1961 membre du comité central et de la commission centrale du contrôle financier.

 

La carrière politique d'Arthur Giovoni résume de façon exemplaire l'histoire du Front national mais également celle de la fédération corse du P.C.F. dans les années d'après-Libération. Il est mort en 1996 à Paris.

 

Sylvain GREGORI

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