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Jean Nicoli

Jean Nicoli est né à San Gavinu di Carbini en 1899. Après des études à l'Ecole Normale d'Ajaccio et une courte mobilisation en 1917-1918, Jean Nicoli devient instituteur en Corse avant d'être affecté au Mali en 1925. Passionné par son métier, nourri des idées républicaines et laïques, amoureux de la terre africaine, ce directeur d'école va, au fur et à mesure de ses contacts avec la société noire, s'interroger sur la colonisation. Non pour en critiquer le principe – en bon « hussard noir », il est persuadé que la République a le devoir de civiliser – mais pour en dénoncer ouvertement les abus aussi bien au niveau pédagogique que socioculturel. Ainsi, dès 1933, il propose vainement à sa hiérarchie un projet de réforme visant essentiellement à intégrer les données socio-ethnologiques des différentes tribus de l'Afrique occidentale française, et prend ponctuellement la défense de groupes d'indigènes victimes du système colonial. En 1935, il regagne définitivement la Corse. L'année suivante, il adhère à la S.F.I.O. Il écrit dans divers quotidiens insulaires en se penchant sur différents problèmes culturels comme l'enseignement de la langue corse et de l'histoire insulaire dans les programmes scolaires. En 1938, le républicain de gauche dénonce dans la presse les prétentions irrédentistes du régime fasciste. Mobilisé en 1939, il est rendu à la vie civile en juillet 1940.

 

Opposé à Vichy qu'il considère comme un régime autoritaire et antirépublicain, à l'image de nombreux enseignants, Jean Nicoli choisit de rejoindre le Front national vers la fin de l'année 1942. La direction communiste trouve en lui un cadre aux idées avancées qui, après avoir adhéré au P.C. clandestin, obtient courant 1943 la responsabilité départementale de l'armement du F.N. dans l'optique de la préparation de la lutte armée. À ce titre, il participe à de nombreuses missions de réception d'armes provenant d'Alger. En mai 1943, il se voit confier l'organisation du F.N. dans la région de Sartène et les questions financières. Le 27 juin 1943, il est arrêté par le contre-espionnage italien à Ajaccio. Après deux mois d'incarcération, il est jugé par le tribunal militaire italien du VIIe corps d'armée et condamné à mort. La sentence est exécutée le 30 août. Quelques jours plus tard, l'insurrection libératrice éclate.

 

Longtemps reléguée dans l'ombre de l'histoire, la figure de Jean Nicoli fait incontestablement partie des grands noms de la Résistance corse. A ce titre, elle fait l’objet depuis plus d’une décennie d’instrumentalisation politique aussi bien par la gauche insulaire que par des organisations nationalistes.

 

Sylvain GREGORI

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