François Pietri est né à San Gavinu di Carbini en 1887. Après des études à Sartène et Ajaccio, il décide, à 18 ans, d'opter pour la carrière militaire. Il s'engage ainsi dans les chasseurs à pied. Après avoir participé à la pacification du Maroc, il entre à l'école militaire lorsque la Grande Guerre éclate. Il passe toute la durée de la guerre sur le front où il est blessé à six reprises; décoré de la Légion d'honneur, il obtient les galons de capitaine. Après l'armistice, il est affecté au ministère de la Guerre. Devenu commandant, il fait valoir ses droits à la retraite et se retire dans son village natal.
François Pietri est fortement marqué culturellement par son double patriotisme corse et français. Germanophobe et italophobe, il se porte volontaire dans l'armée, en septembre 1939 puis en juin 1940, malgré son âge avancé. Le 15 juin 1940, il fait publier dans le quotidien Le Journal de la Corse un article qui est censuré. Refusant la capitulation et la menace d'annexion de la Corse par l'Italie, il se rend à Vichy et y contacte plusieurs élus corses. Il stocke également des armes en vue de combattre un éventuel débarquement des troupes italiennes. En juillet 1940, grâce à un réseau de Corses établis en France continentale et dans les colonies, il édite, avec des moyens de fortune, et diffuse à des milliers d'exemplaires le premier tract corse d'appel à la résistance à une probable occupation italienne, Corses, Garde à vous !, sans pour autant attaquer le régime de Vichy. Courant 1941, il lance La Légion corse, mouvement clandestin apolitique de résistance devant combattre par les armes le futur occupant italien. Les hommes qu'il recrute sont des Corses vivant aussi bien dans l'île qu'au sein de la diaspora. Son organisation fonctionne selon les principes d'une société secrète ou d'un réseau « dormant ». Quelques semaines après l'occupation italienne de la Corse, le commandant Pietri prend le maquis dans sa région d'origine et y organise un groupe de maquisards d'obédience gaulliste. Ecartée lors des négociations avec les différentes missions clandestines de la France libre, son organisation est marginalisée par le Front national (F.N.) qui veut apparaître aux yeux d'Alger comme le seul interlocuteur. En septembre 1943, malgré de fortes tensions avec les résistants communistes locaux, il combat avec ses hommes les unités allemandes en retraite, notamment à Quenza et sur la route de San Gavinu di Carbini. En 1944, son engagement résistant et son anticommunisme lui valent d'être nommé par Alger comme membre de la commission départementale provisoire.
À partir de 1947, ce gaulliste participe à l'implantation du R.P.F. dans l'ile. Il décède à Ajaccio en 1961.
Sylvain GREGORI