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Godefroy "Fred" Scamaroni

Godefroy dit Fred Scamaroni naît à Ajaccio le 24 octobre 1914. Fils de préfet, il grandit au rythme des affectations de son père et découvre dans sa jeunesse de nombreuses communes française. Élève appliqué, il s’oriente vers des études de droit et devient chef de cabinet du préfet du Doubs en 1936. Son avenir s’annonçait brillant.

Lorsque la guerre éclate, il rejoint le 119e régiment d’infanterie de Cherbourg. Il passe son brevet d’aviateur mais se retrouve blessé en mai 1940 lors d’un combat aérien. À peine remis, il reprend du service animé par une envie de vaincre après l’armistice de juin 1940. Refusant la défaite, il suit les mots du général de Gaulle et quitte la France pour Londres. Sans même connaître l’anglais, il devient résistant auprès des Forces Françaises Libres (FFL), en intégrant l’Armée de l’Air au camp de Saint-Atham. De nature volontaire, il participe au raid de Dakar en septembre 1940 pour rallier les soldats de Vichy à la France libre. L’opération s’est soldée sur un échec, Fred Scamaroni et ses sept coéquipiers sont emprisonnés, condamnés à mort et rapatriés en France avant d’être libéré le 28 décembre 1940. 

De retour en France libre, il occupe un poste de fonctionnaire du ministère du ravitaillement à Clermont-Ferrand puis à Vichy. Cette situation professionnelle fait de lui un des tout premiers agents reconnus par le BCRA en activité en France. Il se sert alors de sa position « officielle » pour mettre en place un réseau de collecte de renseignements politico-économiques grâce notamment à ses connaissances dans divers milieux corses. Son activité le conduit à intégrer Liberté de février à décembre 1941 puis Combat d’octobre à décembre 1941. Il rencontre notamment Pierre Bloch. il créé le réseau de résistants « Copernic » pour continuer à mener sa lutte clandestine. Il effectue plusieurs séjours en Corse afin de nouer des liens avec les anciens élus de gauche et les francs-maçons. Il est exfiltré de Londres en janvier 1942 et intègre le Bureau Central de Renseignements et d’Action (BCRA) en qualité d’adjoint. Il effectue différentes missions de liaison et de communication entre les zones occupées.

En janvier 1943, il accepte sa dernière mission : retourner en Corse, désormais occupée par les Italiens. À bord d’un sous-marin britannique, il débarque sur les plages corses sous le faux nom de François-Edmond Severi. Aidé par des résistants locaux, sa mission « Sea Urchin » consiste à fédérer les réseaux locaux afin de se préparer à l’insurrection. Mais il se heurte à l’hostilité de la Résistance communiste qui voit en lui un rival. Repéré par un agent double du contre-espionnage militaire italien, il est arrêté par l’occupant le 18 mars 1943. 

Conduit à la citadelle d’Ajaccio, il est torturé durant de nombreuses heures mais garde le silence. Dans le calme de sa cellule, il s’ôte la vie en laissant derrière lui un ultime message sanguinolant « Vive la France, vive de Gaulle ». Il se donne la mort le 20 mars 1943 à seulement 28 ans. Son identité n’ayant pas été révélée, il est inhumé anonymement dans une fosse commune du cimetière d’Ajaccio. 

Après la Libération de la Corse, son corps est rendu à sa famille. Le général de Gaulle le fait Compagnon de la Libération à titre posthume. Il est également nommé préfet à titre posthume par le décret du 26 février 1945.

Héros gaulliste corse, Fred Scamaroni est une des grandes figures mémorielles de la Résistance insulaire. La cellule dans la citadelle d’Ajaccio où il s’est suicidé a été pieusement conservée. Un monument à Ajaccio, un lycée à Bastia et de nombreuses artères baptisées de son nom dans diverses agglomérations insulaires témoignent de sa présence symbolique dans l’imaginaire collectif.

Fiona TACCHINI

 

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