Paul Giacobbi est né le 18 mars 1896 à Venacu. Il fait des études de droit à Paris puis revient en Corse où il est avocat à la cour d’appel de Bastia puis maire de son village natal, élu sur la liste radicale-socialiste en 1922. Il est ensuite conseiller général puis sénateur de la Corse en 1938. Ce parcours s’inscrit dans les traces de celui de son père, Marius Giacobbi, sénateur et député de la Corse.
Présent à Vichy le 10 juillet 1940, il est le seul parlementaire de l’île à voter contre les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. Cette décision le relègue dans le camp des opposants politiques au régime. En mai 1941, par l’intermédiaire de son frère, il a un premier contact secret avec Fred Scamaroni, venu en Corse poser les jalons d’une organisation clandestine résistante, le réseau R2 Corse. Il a aussi un contact avec la mission Pearl Harbour de De Saule constituée à Alger par Giraud tout en étant intégré, fin 1941, à un Front national balbutiant. Les arrestations opérées par les Italiens menacent ces organisations en formation. Il est arrêté le 19 février 1943 à Venacu et écroué à la caserne Marbeuf à Bastia, avant d’être interné à Prunelli di Fium’Orbu.
En juin, afin d’éviter d’être transféré en Italie, il s’évade avec Eugène Macchini. Il est ensuite aidé par la population, à Chisà, où il trouve refuge jusqu’à la Libération. Il échappe ainsi la déportation au camp de Ferramonti di Tarsia en Calabre.
Peu après la signature de l’armistice par l’Italie, Paul Giacobbi se rend à Ajaccio où il rencontre le Conseil de préfecture installé par le Front national et surtout le nouveau préfet désigné par Alger, Charles Luizet. De Gaulle voit dans cet ancien élu radical socialiste un allié de poids pour lutter politiquement contre le FN et le Parti communiste.
Avec Henri Maillot il créé ainsi le Mouvement IVe République puis devient président de la Commission départementale qui remplace le Conseil général du gouvernement de Vichy. Il est ensuite nommé ministre du Ravitaillement puis de la Production industrielle du nouveau Gouvernement provisoire et enfin ministre des Colonies. Il est élu président du Conseil général de la Corse et devient député radical-socialiste de la Corse tandis qu’Arthur Giovoni est le seul représentant communiste élu à l’Assemblée. Contrairement à de Gaulle convaincu de la nécessité du vote des femmes, Paul Giacobbi fidèle aux idées du radicalisme sur la question, tente de s’opposer à l’adoption du vote féminin.
Jusqu’en 1949 il préside l’inter-groupe RPF fondé en 1947. Son dernier poste gouvernemental est celui du ministre d’Etat chargé de la Fonction publique et de la Réforme administrative. Il a été chevalier de la Légion d’honneur, titulaire de la Croix de guerre et de la médaille de la résistance avec rosette. Il décède à Neuilly-sur-Seine le 4 avril 1951. Une avenue de Bastia porte son nom.
Ariane GIUDICELLI