Robert Giudicelli est né en 1911 dans le petit village de Chisà, alors hameau de Ventiseri. Durant ses études communales, Robert se distingue par son intelligence. Devenu instituteur, il est muté à Marseille, dans le quartier du Panier, alors bastion de la communauté corse de la ville. Issu d'un milieu rural où les familles survivent difficilement du travail de la terre et de l'élevage, confronté à l'exil et aux difficultés de vie de la diaspora laborieuse corse, il adhère en 1934 au Parti communiste français (PCF). Ses qualités d'organisateur lui permettent d’occuper un poste de responsabilité au sein des Jeunesses communistes marseillaises (JC) où il recrute de nombreux militants d’origine insulaire. En 1939-1940, il est mobilisé à Bastia, tisse des liens entre les organisations de la région marseillaise et celles de Corse.
Démobilisé, il retourne à Marseille et reprend son activité de responsable clandestin communiste. Arrêté une première fois en janvier 1941 à Toulouse où il avait mission de réorganiser les JC locales, il est condamné à 5 ans de prison. Mais les autorités vichystes savent qu’elles tiennent un cadre important de la zone sud et une cour spéciale de justice transforme sa peine aux travaux forcés à perpétuité. Il est incarcéré à Saint-Étienne d’où il écrit des lettres patriotiques, déterminées et pleines d’espoir dans lesquelles il n’oublie pas son village d’origine. Le 25 septembre 1943, il parvient à s'évader avec 31 autres détenus grâce à une action audacieuse des francs-tireurs et partisans français (FTPF). Le Comité central de la zone sud l’appelle une nouvelle fois à Lyon où la Résistance subit la répression de la Gestapo de Klaus Barbie et de la milice. Devenu secrétaire régional du PC lyonnais sous le pseudonyme de « colonel Germain », Robert Giudicelli y organise de nombreuses opérations de propagande et des attentats.
Dénoncé après un rendez-vous le 9 août 1944 sur les bords de la Saône. Il est grièvement blessé par balles et arrêté par la milice sur le pont Saint-Rambert de L’Île-Barbe. Durant, 5 jours, il est affreusement torturé mais ne parle pas. Sa blessure et la torture auront finalement raison de lui. On retrouve son cadavre abandonné sur le trottoir de la rue Bonnel, le 14 août. Il porte encore ses faux papiers d'identité au nom de Jean-Paul Faby, patronyme choisi par lui et que l'on retrouve dans son village. Après avoir été enterré au cimetière de Lyon, son corps est transféré, le 1er novembre 1944, à Marseille où une foule de 20 000 personnes rend un ultime hommage à l’ancien instituteur corse du Panier.
En 1947, le corps de Robert Giudicelli est inhumé au cimetière communal de son village de Chisà. Il fut pourtant attendre un décret de 1962 pour voir la République lui décerner à titre posthume la Médaille militaire et la croix de Guerre 1939-1945 avec palme.
Sylvain GREGORI